Le parcours du chrysanthème se dessine en clair-obscur, avec des parts d’ombre et de lumière. L’ambivalence de son épopée symbolique est marquée par les grands tournants de l’Histoire, d’ici et d’ailleurs.
Asie : la montée en puissance du chrysanthème
En Asie, le chrysanthème revêt une symbolique particulièrement heureuse. La fleur d’or [du grec ancien Krusos « or » et anthemon « fleur »] y exprime le bonheur, la prospérité et l’optimisme.
Il aurait fait son apparition en Asie orientale, il y a plus de deux mille ans. Les plus anciennes représentations de la fleur à l’état sauvage datent du Vème siècle, il s’agit de peintures chinoises. À cette époque, le chrysanthème était considéré comme une plante médicinale censée apporter longévité et bonheur.
La fleur est introduite au Japon à partir du VIIIème siècle. Très vite, elle est prisée par la cour impériale pour sa beauté et son aura d’immortalité. Elle fait son entrée dans les palais et l’empereur Go-Toba (1180-1239) décide d’en faire son sceau.
Depuis, le chrysanthème, kiku en japonais, est devenu le symbole de tous les empereurs et la fleur emblématique de « La fête du bonheur ». Chaque année un festival lui est dédié, le kiku matsuri.
À noter que la plus haute distinction que puisse recevoir un Japonais est l’Ordre du chrysanthème.
La Révolution française et le chrysanthème
En France, l’aventure du chrysanthème commence en 1789. C’est cette année-là que le négociant marseillais Blancard rapporte les tous premiers spécimens de Chrysanthemum Indicum de ses expéditions en Extrême-Orient. Trois ans plus tard, le chrysanthème est cultivé à Paris au Jardin du roi.
Pour la petite histoire, en cette période post révolutionnaire, il ne faisait pas bon s’appeler Jardin du roi et toute la production faillit être détruite pour être remplacée par des pommes de terre pour le peuple. Mais les chrysanthèmes furent sauvés de justesse et le Jardin du roi fût rebaptisé Jardin des plantes en 1793.
S’ensuivirent une sélection, un croisement et une production des plus beaux spécimens, jusqu’à obtenir des variétés ornementales qui remportèrent un franc succès durant tout le XIXème siècle.
1919 : grandeur et décadence ?
Au début du XXème, le chrysanthème est une fleur de renom qui fait l’objet d’expositions de prestige.
Mais le 11 novembre 1919, le destin du chrysanthème bascule. C’est le premier anniversaire de l’armistice de la première guerre mondiale. Le gouvernement de Raymond Poincaré exige que les tombes des soldats morts pour la France soient fleuries.
Le chrysanthème est disponible et magnifiquement fleuri, c’est lui qui ornera les tombes. Cette décision permettra alors de favoriser massivement son essor commercial.
Cependant, c’est aussi cette décision qui va faire du sublime chrysanthème une plante mortuaire, « la fleur des veuves ».
Et aujourd’hui ?
Plus d’un siècle plus tard, cette symbolique liée au deuil lui colle toujours aux pétales et il n’est pas simple de l’en défaire, malgré toutes les tentatives des horticulteurs pour changer son image. Y compris celles de débaptiser quelques variétés pour les vendre autrement.
Et s’il ne tenait qu’à vous de changer la symbolique du chrysanthème ?
Pour cela, rendez-vous chez votre fleuriste, ou votre jardinerie préférée, pour sélectionner les plus beaux spécimens, ceux avec une floraison spectaculaire. Optez pour des couleurs chaudes et vives, et fleurissez balcons et jardins !